lundi 31 juillet 2017

Il se passe toujours quelque chose en voyage

31 juillet - Bergues - Carvin

Le Beffroi de Bergues, celui qu'on voit dans Bienvenue chez les Ch'tis. Je m'étais promis d'assister au concert de carillon du lundi à midi, mais cela m'aurait fait perdre la matinée. J'ai donc sacrifié à mon devoir : rouler. 

Bergues est une très jolie ville, de taille humaine, détruite pendant la guerre, mais tellement bien reconstruite à l'identique (en briques) qu'on ne s'en rend même pas compte.

Aujourd'hui, tandis que je déjeunais tranquillement à la terrasse d'un café à Steenvoorde, je remarque un panneau : "Bravo à Iris, Miss Univers". Eh oui, Miss Univers 2017 est originaire de ce village ! Le genre d'événement minuscule qui vous remplit une journée de voyage solitaire.

En fin d'après midi, retrouvé avec ravissement l'ambiance Danube en roulant pendant 20km sur une piste longeant un canal parcouru par des péniches. Nostalgie...

dimanche 30 juillet 2017

Une apparition !

30 juillet - Sangatte - Bergues

Oui, c'est bien le nom d'une commune traversée ce matin ! Si les bonnes dispositions de mon téléphone se confirment, je vous envoie demain la photo du Beffroi de Bergues, le point le plus septentrional de mon voyage, où je dors ce soir...

Pluies entrecoupées d'averses

29 juillet - Etaples - Sangatte

Journée de souffrance et d'expiation. La phrase célèbre d'Albert Simon, météorologue des années 60, s'applique parfaitement au climat du jour. Averses géantes suivies d'heures de pluie pénétrante.

Enfin, il faut faire avec, alors je chante, je hurle plutôt "I got my mind set on you, I got my mind set on you !" La nature s'en fiche, mais ça me fait du bien. La nature est très belle aujourd'hui, car la lumière est blanche et met les contours en valeur (je passe les 2 Caps, le Gris-Nez et le Blanc-Nez).

Tout se passe normalement (pour la région) quand je découvre à l'occasion d'une grande descente... que je n'ai plus de freins, à cause de la pluie ! Terrifiant. Plus je freine, plus j'accélere ! Je me résigne à me casser la figure sur le bas-côté herbeux, passe dans un million de creux et de bosses à toute allure et finis par m'arrêter sans tomber ! Pfui...

Donc finies les descentes. Ça ne nous avance pas trop, mais mieux vaut arriver vivante. À Sangatte (heureusement les derniers km sont plats), l'hôtel très ch'ti du Deltaplane m'accueille chaleureusement. Enfin, sans chauffage, faut pas rêver. Il y a un sèche linge pour les vêtements, mais pas de solution pour les chaussures, à part les vieux journaux. Ce matin, elles sont encore mouillées et froides. Je ne suis donc pas pressée de repartir.

vendredi 28 juillet 2017

Soirée magie-hypnose

28 juillet - Le Tréport - Etaples

Le pédalage est devenu ma seconde nature, mais c'est ennuyeux à raconter.

J'ai trouvé l'hôtel de mes rêves à Etaples : 49 €, dans une rue calme à 2 pas du centre trépidant, en face d'un Bistrot Gourmand, tauliere charmante, chambre en rez-de-chaussée sur courette avec Valentin installé sous un auvent à ma porte. J'ai même un radiateur qui marche pour sécher ma lessive, c'est l'extase...

En face, au Bistrot Gourmand, c'est soirée  magie-hypnose. Je suis impatiente comme un enfant. Pour l'instant, c'est un crooner au piano, pendant que le barman secoue son shaker et que le cuistot émince ses ingrédients​.

Aîe aîe aîe ! Voilà que le crooner égrene tous les succès de mes 20 ans : Blowin' in thé wind (yes, and how many years...), Angels, Angels... Je sens que je vais pleurer dans ma bière.

Je vous raconte la suite demain.

Pépites de la route

27 juillet - Veulettes sur Mer. - Dieppe - Le Tréport

Arrêt dans un café de St Valéry en Caux pour le coup de tampon dans mon carnet. Pas de BFMTV. Grand calme. Juste une musique religieuse céleste.
Moi :  c'est France Musique ? Le patron : oui, ça me calme ( en effet, il ne tient pas en place). Il me pose des questions sur mon voyage, s'émerveille, me parle d'Alexandra David Neel, d'Ella Maillard, d'Isabelle Eberhard, il connaît Constanta en Roumanie, veut tout savoir sur l'Eurovélo 6. Je suis sûre qu'il va le faire un jour !
Les clients sont tous sur la terrasse...

Un peu plus loin, je remarque une affichette collée sur une vitre : "À donner - Adorables chatons". Derrière, le rideau est en lambeaux. Et ça me fait rire, mais rire !

Dans l'après midi, fracassée par la route, je vois des grands parasols attirants : c'est un magasin de bières phénomenal. Ils en vendent entre 6 et 700 marques différentes  (dont ma Chouffe adorée que je ne trouve jamais quand je la cherche) ! Et je ne peux pas en boire, je suis loin de l'arrivée ! La guigne...
Ça s'appelle "Absolument Bières" et c'est à Biville-sur-Mer...

jeudi 27 juillet 2017

La pluie n'arrête pas le pèlerin

26 juillet -  Pont de Normandie - Veulettes-sur-Mer

... mais le pèlerin voudrait un feu dans la cheminée pour sécher ses godillots...

Aujourd'hui, j'ai fait 95 km sous la pluie, dont 60 utiles environ. Mauvais choix de départ : j'ai pris le pont de Normandie (GPS), alors que le pont de Tancarville (US Métro) aurait été plus judicieux. Bref, à midi, j'étais encore à 15 km à vol d'oiseau de mon point de départ et prête à piétiner mon téléphone dans une flaque.

La journée du cycliste sous la pluie se compose essentiellement de pédalage intensif pour ne pas se refroidir, et d'arrêts dans les bars pour des thés et chocolats chauds pour se réchauffer (le café est moins cher, mais trop petit).

Le paysage ? On ne le voit pas, on cherche juste à distinguer la route entre les gouttes sur les lunettes. J'aurais aussi bien pu traverser la Sibérie. Les freins marchent moins bien aussi. Aller vite  tout en restant prudent, voilà le dilemne.

À l'arrivée, double dose de gouttes aux essences, douche brûlante, recherche d'une solution pour sécher mes chaussures sans chauffage. Le patron m'assure que le vent les séchera sans problème et refuse de mettre du papier journal dedans. Je vais peut-être rouler avec de la paille dans mes sabots ?

NB : j'ai commis un péché véniel aujourd'hui : j'ai zappé le détour par Etretat. Vu les circonstances et vu qu'elle est à Lyon, j'espère que Delphine me pardonnera...

Une petite note réjouissante pour finir : sur un panneau destiné aux clients dans ma chambre ce matin, la traduction de "taxe de séjour 0,75 € par personne" : 0,75 € by nobody". J'adore.

mardi 25 juillet 2017

Tournicoti, tournicotons

25 juillet - Lion-sur-Mer - Fatouville- Grestain (après Honfleur et avant le pont de Tancarville)

Soleil toute la journée !

J'ai eu du mal à le croire, mais la batterie externe achetée samedi est morte ! J'ai donc galéré toute la journée sans GPS, essayant d'obtenir des directions plus ou moins fuligineuses des passants. Sans compter mes propres erreurs, bien entendu... Bref, une journée à tourner en rond dans la semoule. Jusqu'à ce que je déniche un magasin providentiel dans une zone improbable, qui m'a vendu ma 3eme batterie du voyage. Je m'accroche !

Égarée dans Trouville, une enclave parisienne en Normandie. J'y faisais vraiment tache avec mon gilet fluo tout crasseux...

Honfleur est bien belle par temps ensoleillé. J'ai eu le temps d'admirer, pendant que mon téléphone se chargeait dans un café secourable (en échange de 2 Coca tout de même).

PS : Ma maison de Léon a été vendue aujourd'hui. Irruption de la réalité dans mon monde parallèle !

Morne plaine

24 juillet - Carentan - Lion-sur-Mer

Ciel gris foncé et bas, temps frais, vent omniprésent, touristes rares et hébétés. Heureusement que je suis là pour faire tourner l'économie. Les kilomètres défilent à toute allure,  ponctués de sites du débarquement et de cimetières.

Le petit hôtel où j'ai réservé est coquet et me remonte le moral. Le restaurant, lui, offre royalement des crêpes sorties du paquet fourrées d'un truc innommable. Comment osent-ils ?

On n'a pas tous les jours une Auberge Normande sous la main...

dimanche 23 juillet 2017

Arrêt météo, mais pas que

23 juillet - Carentan

La météo indiquait 100 % de risque de pluie pour aujourd'hui. Je n'ai donc pas hésité à poser mon paquetage à l'Auberge Normande pour une nuit supplémentaire. Or, pas une goutte n'est tombée de la journée ! Tout le monde semble dérouté par le ciel, les natifs comme les professionnels...

J'en ai profité pour recharger les batteries, celles du corps et celles de mes appareils, et pour faire une lessive totale grâce aux 2 radiateurs de ma chambre. Même mes semelles malodorantes y sont passées.

Or donc, ce matin, je me suis décidée à faire du TOURISME, oui madame ! Le nom d'un musée du débarquement m'interpelait : "Dead Man's Corner". Encore une élucubration destinée à attirer le chaland ? Non, une histoire vraie : à l'intersection de 2 routes, une maison où les Allemands soignaient les blessés, un tank américain arrêté par les Allemands avec un soldat américain mort resté 4 jours sur la tourelle, les alliés étant trop occupés à libérer la région.

Au milieu de nombreuses reconstitutions, on est appelé à un briefing très réaliste,
comme si on allait monter dans un avion du débarquement. L'officier nous détaille notre matériel. Pour appeler nos compagnons dans la nuit et le brouillard, nous avons un criquet. Nous devons le cliquer une fois et la réponse doit être 2 fois. Sinon, on tue. Si nous avons perdu le précieux objet, il y a un mot de passe dont la réponse est Welcome. Si on entend Velcome, on tue, car les Allemands ne peuvent pas le prononcer correctement. Pour cela, on a un grand couteau le long de la jambe, le petit étant destiné à se dégager du parachute.

Ensuite, on monte dans l'avion. On fait le voyage bruyant et agité, en regardant le paysage par les hublots. On est accueilli par des tirs et des bombes, on voit les autres avions se faire descendre, le nôtre prend une grande explosion et se pose en flammes. On est tout tremblant mais vivant, et on se dit que les choses ne font que commencer.

Il y a eu 80% de morts, blessés, prisonniers ou disparus le 6 juin 1944.

NB : à l'Auberge Normande, on mange divinement et pour un prix très raisonnable. Vive la Normandie ! Après-midi ensoleillée...

samedi 22 juillet 2017

Parenthèse bucolique

Il y a des épopées qui me font vraiment aimer les voyages. Je voyais depuis plusieurs jours s'éteindre la flamme de mon chargeur de portable. Et sans chargeur, point de GPS, de blog, de téléphone, etc. Un voyage à l'ancienne, quoi. Vu mes aptitudes légendaires à l'orientation, il devenait urgent d'investir. Mon hôte me propose de m'emmener en voiture au supermarché en acheter un (qui sera donc non  chargé jusqu'à demain matin).

Et pour me mettre sur la bonne route, celle des plages du débarquement, il a une solution : partir à la recherche de ses deux amis de vélo : François et Charlemagne. Charlemagne ? C'est chouette comme surnom ! Non, non, c'est son prénom, il n'y en a que 2 en France, paraît-il ! Ils sont justement prêts à partir faire leur petite balade et nous voilà embarqués à une allure de sénateurs sur les petites routes normandes comme 3 écoliers en goguette, amis dès la première seconde.

François, environ 75 ans, truculent, a toujours une bonne histoire​ à raconter. C'est le Don Quichotte de l'équipe. Une énorme averse : nous nous réfugions dans un abri de bus pour deviser joyeusement. Charlemagne, plus discret, en connaît un rayon sur l'histoire du pays, et du débarquement en particulier. Nous longeons un château bombardé par les alliés, dont le mur d'enceinte mesure des km. C'était le siège de l'organisation Todt dans la région. Les chàtelains (leurs descendants) vivent dans une dépendance depuis - mais j'ai oublié leur nom.

On ne se quitterait plus, mais mes nouveaux​ amis doivent rentrer et j'ai une longue étape. Ils me mettent sur la route d'Utah Beach et s'en retournent à St Floxel après de chaleureuses embrassades.

En fait de longue étape, la pluie a eu raison de moi au bout de 2 heures. Les vêtements mouillés plaqués au corps produisent très vite une sensation de froid et de rhume imminent. Où es-tu, ô ma Normandie d'il y a 2 ans ? Une petite averse, des heures de soleil, c'était le bon temps. Maintenant, c'est 10 mn de soleil dans une demi-journée de grosse pluie. 
Dans la grisaille dégoulinante apparaît soudain une Auberge Normande illuminée, pleine de joyeux convives. C'en est trop : il reste une chambre, elle est pour moi !

vendredi 21 juillet 2017

2 étapes cotentines

20 juillet - Beauchamps - Barneville-Carteret

Pluie, puis soleil : ça c'est la Normandie. En chemin, je me rachète un fil de connexion téléphone-batterie. C'est fou comme les choses s'abîment vite en voyage. Et je roule plus de 80 km dans la journée. Ma motivation ? Arriver à temps pour le dîner à l'hôtel. Et ça a marché ! Gràce aussi au vent arrière et aux nombreuses pistes cyclables.

21 juillet - Barneville-Carteret - Saint-Floxel (en passant par Cherbourg !)

La Manche est traîtresse : elle vous a un petit air de dessin d'enfant bonnard, on croit qu'elle est plate parce qu'il y a des côtes partout. Que nenni ! L'intérieur est diabolique, tout autant que la Bretagne. J'ai passé la matinée (avec vent arrière) et l'après midi (avec vent debout et soleil de face) à me battre contre montées et descentes pimentées de rafales.

L'étape arrive à point : c'est un ancien relais de poste à côté d'une rivière. L'hôtesse m'explique que le pont a été construit pour permettre à Louis XVI d'aller à Cherbourg inspecter les fortifications de Vauban. Qui sait, il a peut-être dormi dans ma chambre ? Le pont a été dessiné sur la chaux dans l'atelier, pour les ouvriers qui ne savaient pas lire. J'adore toutes ces histoires qui nous font ressentir nos racines !

Allez, demain commence le vrai plat, et pour un bon moment !

jeudi 20 juillet 2017

La joie venait toujours après la peine

19 juillet - Cancale - Beauchamps (Normandie)

Vite, fuyons le bunker à vitraux !
Mais il fait tout gris !
M'en fiche, à partir d'aujourd'hui, c'est tout plat !
Mais il y a du vent !
Peu me chaut, il me poussera...

Et effectivement, la journée se passe comme en rêve. Le GPS me guide harmonieusement sur les petites routes de l'arrière-pays de la baie du Mont St Michel. Je fais près de 90 km sans souffrance, avec petite pluie vite séchée par petit soleil.

J'arrive dans la chambre d'hôtes, une grande et belle maison de famille avec beau jardin fleuri. Le propriétaire, un peu maniéré mais charmant, me montre ma chambre, un boudoir ambiance Marie-Antoinette très raffiné, dans les gris et taupe. Puis il m'emmène dans le local de Valentin, dont j'aurai la clef.

Devant mon air épuisé, il me propose d'aller me chercher en voiture la pizza
de mon choix. Avec une bière ? Pas de problème. Je l'attends dans le salon après la douche, et voilà qu'il revient avec un plateau grand style, la pizza sur une grande assiette, la bière glacée et son verre, une carafe d'eau et son verre et, cherry on the cake, une tartelette posée sur un napperon ! Cet homme est un ange ! Il allume la télévision et s'éclipse discrètement.

Mais le summum arrive au petit déjeuner. Je n'étais pas préparée à cette vision. C'est comme avoir 6 ans et entrer dans le salon au matin du 25 décembre. Des guirlandes lumineuses élégamment disposées autour de bouquets, de vases, des vitrines illuminées contenant... des figurines de héros de Walt Disney. C'est totalement kitsch, mais totalement assumé. J'adore. Le petit déjeuner est à l'avenant, raffiné, frais, délicat.

Mais la pluie s'est arrêtée, il faut partir, hélas.

mercredi 19 juillet 2017

La géhenne

18 juillet - Pléneuf Val André - Cancale

Il y a deux choses que redoute principalement le cycliste : la pluie et la crevaison. Eh bien, j'ai eu les deux aujourd'hui ! Au moment où commencent à tomber les premières grosses gouttes d'orage, je sens vaciller l'arrière train de Valentin. Non, pas possible ! Ses magnifiques pneus anti-crevaison ! Au secours, Pierrick ! (La Bicyclette, à Lit et Mixe).

Heureusement, une cave d'immeuble ouverte me tend les bras. Je desserre le frein, démonte le pneu (les leçons n'ont pas été inutiles), mais je cale pour sortir la roue. Je file sous la pluie sonner à une porte. Un jeune homme m'accueille en me disant qu'il termine sa pause déjeuner dans 10 mn, mais qu'il veut bien m'aider à sortir la roue. Puis avec un autre jeune guère plus doué que moi, nous remontons le tout vaille que vaille, mais il me conseille d'aller faire vérifier le travail par le garage un peu plus loin, qui m'envoie vers le magasin de motoculture de l'autre côté, tout ça sous la pluie et sur une route à grande circulation.

Le vendeur motoculture, un homme agréable avec ses clients habituels, est particulièrement chafouin avec moi. Il me fait attendre sous la pluie et ne voit pas ce que je viens faire ici. Selon lui, tout est très bien, alors que le frein n'est pas remis en place et que le pneu à besoin d'un coup de gonflette.

Pour terminer la journée en beauté, j'arrive 3 h plus tard à la chambre d'hôtes du jour, une forteresse prétentieuse et nouveau riche des années 60 : portail monumental tout électronique, moquette
aux murs, vitraux aux initiales des propriétaires, bibelots et "tableaux" à hurler, tout est affreux, et surtout l'accueil, froid et anonyme. On est là pour l'argent, pas pour les échanges. Même pas de local pour Valentin qui finira par terre, renversé par le vent. J'ai plus sommeil que faim et je me couche sans dîner (pas d'huîtres à Cancale !), vaincue par les événements. Demain ne pourra qu'être meilleur...

mardi 18 juillet 2017

17 juillet - Lézardrieux - Pléneuf Val André

Une longue étape m'attend. J'ai prévu, dans ma grande innocence, de faire le tour de la baie de St Brieuc par la route des cyclistes. Mais le mauvais sort s'en mêle et je fais fausse route sur fausse route, m'égare dans les collines abruptes, à devenir folle. Entre le choix de la route à très grande circulation - directe - et les petites routes tranquilles, plus aléatoires, je choisis toujours la mauvaise solution.

Je fais le dos carré, je m'accroche au bitume, car ma chambre est réservée très loin et il faut arriver avant 20h. Vas-y Coco ! J'ai le  temps de méditer au passage sur quelques panneaux étonnants : " Course de radeaux" ou un arrêt de bus nommé "Dernier sou".

Un million de km plus loin, j'arrive enfin à destination, pour découvrir que le motel n'a pas de réception et qu'il faut aller 500m plus loin chercher les clefs. 500m, ça n'a l'air de rien, mais c'est 1 km de plus, juste pour pouvoir enfin entrer dans sa chambre. Rien ne me sera épargné. Aussi, quand la réceptionniste me demande d'un air suave si je prendrai le. petit déjeuner demain, j'envoie paître la vieille chouette.

Je m'achète tout ce qu'il faut pour un dîner devant... BFMTV célébrant Macron et je savoure une grande bière glacée en l'honneur de ce calvaire. Mais où est le masseur ?

Aléas du voyage

16 juillet - Morlaix - Lézardrieux

Je ne vous épargnerai rien de ma vie quotidienne et même intime. Ce matin, à l'heure de sauter dans mon cuissard (rembourré d'une sorte de couche donc), je réalisé avec horreur que le fond est encore humide. L'autre, lavé de la veille, l'est encore plus. Que faire ? Je sais par expérience que rouler une journée avec le postérieur humide donne des boutons pour une semaine (demandez aux bébés).

J'avise mon foulard arachnéen en soie (pour les soirées d'après pluie) et, faisant fi de toutes les convenances, le plie en autant de couches que nécessaire pour être bien isolée (le postérieur préalablement enduit de crème).

Eh bien ça à marché ! Il suffit de remettre en place de temps en temps tout le bazar d'un geste discret et élégant, et le tour est joué.

Lézardrieux et son charmant petit hôtel comme je les aime. La patronne est partie à la plage et rentre à 18 h. Je vais prendre un petit acompte de sommeil au parc en attendant. Une pizza plus tard, je suis prête pour tous les rêves...

PS : ne faites pas attention aux mots soulignés. C'est mon tél qui le fait et je ne peux pas le changer !

lundi 17 juillet 2017

Un tigre dans mon moteur

15 juillet - Le Pont du Chatel - Morlaix

Super forme, on dirait que 15 jours marquent un tournant. Je vais débiter du km.

Sauf que... à St Pol de Léon, que vois-je SUR ma route ? Un Décathlon qui me rend les bras ! Je décide de tenter ma chance et d'offrir un beau cadeau à Valentin pour nos 1000 premiers km. Un jeune gars est là dans son atelier de réparation qui ne demande qu'à nous aider.

Les patins de freins sont morts, les freins tout déréglés. Sous les yeux respectueux des autres clients, nous passons un temps infini à redonner une santé à Valentin. Ses couinements se sont transformés en doux feulements de bonheur. Je roule en Rolls maintenant...

Pendant la pause déjeuner, je réserve comme d'habitude l'hôtel du soir, sauf que... il n'y a plus que des hôtels chers, ou pas sur ma route, ou trop loin. Un samedi 15 juillet, j'aurais dû me méfier. Bref, après une heure de stress, il faut me résigner à dormir à Morlaix, soit une quarantaine de km dans la journée ! J'ai appris ma leçon, je réserverai la veille maintenant...

samedi 15 juillet 2017

2 semaines !

14 juillet - Plougastel-Daoulas - Le Pont du Chatel

Ce matin, j'ai du mal à ouvrir mes quinquets. J'ai les portugaises ensablées. Il me faudra bien 3 cafés pour me rappeler mon nom. Non, non, je ne suis pas allée voir le feu d'artifice de Brest. C'est ma fidèle compagne, la PPC* qui a des fuites parce que j'ai oublié de laver l'embout. Du coup, grosse sensation d'étouffement et grande angoisse qui empêche de se rendormir.

Mais tout cela est vite oublié après quelques dizaines de km. En chemin, je rencontre une sportive sur son vélo de course qui me propose de m'accompagner sur une partie compliquée de l'itinéraire. Elle paraît 70 ans et elle en a 82 ! Elle est veuve depuis un an et essaie d'oublier ses 65 ans de mariage en faisant du vélo. Elle me laisse loin derrière dans les montées, j'ahane et transpire pendant qu'elle grimpe sans aucun effort. Bravo l'aînée !

Le soir, j'arrive dans mon petit hôtel de village. C'est un rêve après tout le fracas de la journée. Au bord d'une petite route tranquille que baigne une rivière au soleil couchant, une vraie carte postale. Comme c'est bon ! L'hôtel a été rénové avec goût et mesure. Dans la salle à manger, pas de BFMTV, juste de la musique bien choisie. La patronne se passionne pour mon périple et n'arrête pas de me poser des questions entre 2 clients. C'est tout le contraire des IBIS et autres B&B Hôtels sans âme. Contacts humains, rencontres chaleureuses dont on se souviendra toujours...

Je vais passer une super nuit !

* Machine à pression positive continue pour les années du sommeil

vendredi 14 juillet 2017

Rouler sans penser à rien

13 juillet - Douarnenez - Plougastel-Daoulas

Une journée sans événement particulier, le cerveau vide. Aors, quand j'arrive à Plougastel-Daoulas, une chanson idiote de mon enfance vient squatter mon esprit en jachère :

"Au Grrrand Casino de Plougastel,
Nous écoutions les mousiciens,
Et la chanteuse brrrésilienne,
Lili Crrrécelle !

Tu te souviens, Thierry*, comme on était bêtes, et comme c'était bon ?

Voilà, j'ai bien régressé durant ce voyage, et ça fait du bien !

* Mon frère jumeau

jeudi 13 juillet 2017

Vacances à Douarnenez

12 juillet - Douarnenez

Au programme : dormir, prendre un café, redormir, trouver un réparateur vélo pour mon compagnon qui souffre, redormir, partir à l'autre bout de la ville à la recherche du réparateur, apprendre que son adresse est un squat et qu'il vaudrait mieux ne pas me pointer là-bas.

Pfff... ! Les 3/4 de la journée sont passés ! Pas d'excursion à Belle-Ile donc, comme suggéré par Noémie, on va plutôt chercher le premier MBK sur ma route.  Celui-ci m'accueille sans enthousiasme, me vérifie rapidement les freins avant, donne un coup de gonflette et bye bye. Tout ça pour ça !

Heureusement, j'ai rendez-vous avec Lauriane, une jeune Warmshower* reçue à Léon il y quelques années. Elle est venue avec son bouledogue français, un chien qui PARLE quand on le caresse ! Son compagnon Serge, un cycliste pur et dur, nous rejoint et nous voilà à comparer nos vélos et nos projets de voyages. Le tour de France les tente bien. Je pourrai leur donner plein de conseils.

Par ailleurs, avec Lauriane, nous avons toujours sur le feu un projet de tour d'Irlande à vélo, encore un truc de fou avec montées et descentes à perpète. Ah, comme c'est bon d'échanger avec des amis entre 2 bières (bretonnes) !

Lauriane, admirative de mon entreprise solitaire, à décidé d'appeler mon vélo "Valentin" pour favoriser les rencontres ! Le sort en est jeté !

* Réseau d'accueil entre cyclistes

mercredi 12 juillet 2017

A chaque jour suffit sa peine

11 juillet - Concarneau - Douarnenez

La chaleur est moins forte. Je trouve mon chemin facilement. Il ne pleut pas encore. Les côtes sont moins inhumaines. Yeah ! La journée s'annonce bien !

À midi, je jette mon dévolu sur un "Hôtel-Restaurant des Voyageurs" dans un quartier tranquille d'une petite ville imprononçable. Le genre qu'on ne rencontre plus depuis au moins 30 ans.

On y trouve des salles à manger différentes selon la catégorie de clients : ouvriers ou non. Dans la mienne, les tables sont recouvertes de nappes damassées roses du plus bel effet. Bouquet de fleurs fraîches sur chaque table, jeune serveuse souriante en uniforme et ballerines.

Ils ont dû bien regretter d'avoir fait tous ces frais pour moi, vu ma commande poisson/frites et ma coiffure de "chienne à Jacques" (expression québécoise) au sortir du casque vélo ! D'ailleurs, j'ai appris par la suite que j'aurais pu choisir la salle du peuple et avoir un menu ouvrier plus approprié au trou béant de mon estomac...

Pendant le déjeuner, la pluie m'a retrouvée. J'enfile tout mon harnachement et je file tête baissée vers Douarnenez. On a beau faire, la pluie s'infiltre en une heure par tous les pores  de la veste. J'arrive trempée et glacée à destination, pour découvrir stupéfaite que l'appartement réservé pour 40 euros coûte en fait 80 euros avec les frais de ménage (écrit en toutes petites lettres après validation de la réservation) ! Bon, on a transigé à 70 après moult discussions, mais quand même, je n'aime pas le procédé.

L'appartement est sous les toits, rénové "design", avec une vue splendide sur le port. Les mouettes n'arrêtent pas de venir voir ce que je fais par les fenêtres. Je décide donc de prendre une journée de repos dans cette ville qui m'appelle à grands cris (de mouettes). J'en profiterai pour faire réviser le vélo qui s'est mis à couiner sa douleur sous la pluie. Et aussi pour rattraper mon retard et répondre à tous vos messages. Je vais faire du TOURISME !

En attendant, je vais me coucher sans dîner tellement je suis fatiguée...

L'enfer sur terre

10 juillet - Landevant - Concarneau

On m'avait bien parlé du relief breton, mais là, j'ai compris ma douleur ! Une succession ininterrompue de côtes et de descentes raides, pas un seul kilomètre plat, même dans les villes, pour vous remettre les jambes en place. Et le vent d'ouest de face, en plus. J'avais juste envie de m'asseoir sur le bas-côté et de pleurer. C'est la pire étape jusqu'à maintenant. J'ai vraiment décoiffé la girafe  aujourd'hui. Le temps est devenu gris et frais. On annonce la pluie pour demain.

Allez, une petite Pataterie pour se remettre le cœur à l'endroit ? C'est ma première incursion dans ce genre de restaurant de zone commerciale. Et ma foi, ces plats bien roboratifs à base de pommes de terre, de charcuterie et de fromage, accompagnés d'un petit verre de vin, sont parfaits dans ces situations extrêmes.

Ce tour de France "cyclotouristique" vous pousse en réalité à éviter les centre-ville pour gagner du temps et trouver à coup sûr un hôtel bon marché. Je n'ai pas vu Pont l'Abbé ni Concarneau, mais j'ai bien aimé Pont Aven, qui mérite sa réputation.

lundi 10 juillet 2017

La vraie vie

9 juillet - La Roche Bernard - Landevant.

Quand  je  n'écris pas dans le blog, c'est que je suis occupée à vivre la vraie vie ! Et hier, j'ai été servie en rencontres régénérantes.

J'ai commencé par une visite à Ste Anne d'Auray, le Lourdes breton. Je pense avoir gagné mon paradis en écoutant tous les maux passés, présents et à venir de la patronne de café qui a tamponné mon carnet de route. Quand je l'ai quittée, elle allait déjà mieux...

En arrivant dans la petite ville de Landevant endormie et  écrasée de chaleur en ce dimanche après-midi, sur qui tombe-je pour m'indiquer le chemin de la chambre d'hôtes ? Sur les 2 patrons de la pizzeria située à 10 m de la chambre, et qui justement allaient ouvrir. Bonne pioche.

Ma taulière, Patricia, une accorte quinquagénaire toujours en mouvement, devient vite une amie. Ne pouvant vivre ses rêves pour le moment, elle vibre à la vie de ses clients avec un enthousiasme réjouissant.

J'ai une demi-heure à tuer avant d'avoir ma pizza. Je décide de la passer à la cave à vins - 10 m aussi, c'est le triangle d'or breton. Il s'échappe de cet endroit des chants joyeux, mais pas avinés, un karaoké de cheveux blancs. Je commande ma bière, 2 hommes réjouis viennent s'asseoir et écoutent Hervé Villard et Claude François en s'esclaffant sur les goûts du patron"bon à mettre en maison de retraite". "On ira le voir le dimanche après midi" disent-ils à sa femme qui ne peut s'empêcher de rire de bon cœur. "S'il n'a pas fugué !" (ça, c'est de moi)

Ma pizza sous le bras,  je regagne mes pénates pour dîner avec Patricia et sa mère Rachel. Nous devisons de tout et de rien dans la douceur du soleil couchant, heureuses de faire connaissance et de nous trouver des goûts en commun.

Une soirée toute simple, mais avec le plein de chaleur humaine qu'on apprécie en voyage...

PS : vous aurez remarqué que mon secrétariat est à la traîne. Mes journées sont remplies de km et manquent de temps. Et je pianote d'un doigt... Je réponds demain à tous vos messages, c'est promis !

samedi 8 juillet 2017

Séjour royal

8 juillet - St Nazaire - La Roche Bernard

De temps en temps, il faut savoir ménager sa monture pour voyager loin. En l'occurrence et n'ayant pas trop le choix, il m'est apparu comme une évidence de passer la nuit dans un manoir de belle apparence à La Roche Bernard.

Ce manoir a la particularité d'être situé dans le Morbihan, juste séparé de la Loire Atlantique par un petit étang d'une dizaine de mètres. Me voici donc en Bretagne ! Yes ! J'ai déjà moins l'impression d'avoir pédalé dans la choucroute...

Toutes sortes de gens séjournent ici. J'ai vu passer des jeunes filles évanescentes dans le style Modigliani, des couples d'Anglais bon chic bon genre, deux cyclistes faisant leur propre tour de France, une grande famille rassemblée autour des grands parents sont c'était l'anniversaire, avec une des petites-filles caressant amoureusement le crâne de son papy adoré. Tout cela est très distrayant pour une cycliste solitaire...

Il fait une chaleur d'enfer dans ma chambre sous le toit. Mes jambes sont levées contre le mur, dans l'attente d'un hypothétique dégonfement. Demain, la pluie est annoncée, je vais mieux rouler...

Tracas de cycliste

7 juillet - St Hilaire de Riez - St Nazaire

De galère en galère ces dernières 24h.

D'abord le pont de St Nazaire en fin de journée de vélo + jour de départ en vacances. Miam ! 3 km à pied au milieu des voitures sur un pont tout vibrant, on a vu mieux pour un moral vacillant.

Après, il a fallu faire des détours et des contours pour trouver le Campanile dans une ZAC post romantique.

Tout cela sans internet pour me guider (depuis le début). J'avais essayé de me faire dépanner dans l'après midi, mais bernique. Une deuxième tentative ce matin, avec de nouveau un assistant plein de pitié qui ne comprenait pas pourquoi je n'avais pas le 2.0 comme langue maternelle.

Et enfin, un technicien à la voix de Barry White, et la bienveillance qui va avec. Aaaaah ! Je suis toute à toi,  Barry ! Commande et j'obéirai ! Nous avons tout essayé. Chaque fois qu'on aboutissait à une impasse, loin de se décourager, son intérêt était ravivé. Finalement, au bout d'une heure, nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre (virtuellement), à la vue du H salvateur d'Internet. Il m'a quand même avoué que mon téléphone réagissait très bizarrement, ce qui confirmait mon sentiment depuis le début.

Barry, je t'aime !

Maintenant, je vais pouvoir naviguer sans avoir à faire appel à l'autochtone toutes les 30 secondes, et ça va me changer la vie. Pour fêter cette nouvelle étape de ma vie, je me suis offert une gigantesque salade de gésiers dans un petit restaurant de village et je fais une étape de 25 km, canicule et matinée gachée obligent.

J'avais pris des chouettes photos du restaurant, mais Blogger ne les accepte pas. Barry, au secours !

jeudi 6 juillet 2017

Vitesse de croisière ?

6 juillet - Puyravault - St Hilaire de Riez

Aujourd'hui, j'ai fait plus de 100 km et je ne suis pas plus fatiguée qu'après une bonne journée de plage. Incroyable...

Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas.

Hier, dans la maison d'hôtes de Puyravault, ambiance cocooning chaleureuse et joyeuse (grâce au délicieux vin à l'épine noire, qui ressemble au résiné).

Aujourd'hui, soirée solitaire dans une location de vacances sans serviette, ni gel douche,  ni papier toilette, qu'il a fallu mendier à l'accueil. Ah là là ! Vivement  ma prochaine maison d'hôtes !

Bonne nuit !

mercredi 5 juillet 2017

Grosse chaleur

5 juillet - Rochefort-Puyravaut

Une étape courte pour tester la bête, mais sous un soleil impitoyable. Les genoux ont bien résisté, et le Bion 3 à effet retard m'a permis de garder l'énergie tout au long de la journée, sans trop transpirer.

Rien de particulier jusqu'ici, alors je reviens sur le dîner d'hier soir à Rochefort, et sur mon dada depuis mon premier tour de France, quand j'avais passé une nuit dans un camping fréquenté exclusivement par des familles hollandaises.

J'avais été frappée de voir les pères s'occuper tellement  bien de leurs enfants qu'on n'entendait ni cris, ni pleurs, ni caprices, juste des enfants joyeusement occupés à s'amuser.

Hier, même topo. Ce père à expliqué le menu à ses 3 jeunes enfants, puis il les a accompagnés individuellement au buffet en leur détaillant chaque entrée, ensuite ils sont revenus à table pour se mettre d'accord sur la commande, non sans être tous passés calmement aux toilettes. Et leur repas s'est passé entre gens de bonne compagnie. Fascinant. Ils pourraient en remontrer à bien des Français...

Bon, c'est pas le tout, mais je  commence à tarauder à sec. C'est l'heure de l'apéro à la chambre d'hôtes. À demain !

mardi 4 juillet 2017

Pause technique

4 juillet - Rochefort

Toute la nuit, mes jambes se rappellent à mon souvenir. Je confère avec moi-même et décide de leur consacrer une journée de repos. Je dois épargner ma breloque. Un médecin me donne gel et comprimés pour repartir... tout de suite !

Quoi ? Mais je n'ai pas encore vu l'Hermione ! En fait d'Hermione et de tourisme, je n'aurai vu que le Burger King et le Piment Rouge de cette zone indéfinissable du Brillouet. Trop fatiguée, juste envie de dormir tout l'après-midi. Demain, je remets ma casaque...

Y'a des limites

Vendays-Montalivet - Rochefort - 3 ème jour.

Je ne me sens pas en super forme ce matin. Est- ce l'air dubitatif de Jean le Québecois qui me déprime ? Mes genoux ont 100 ans et mes jambes tiraillent méchamment, comme si j'étais en pleine croissance. Mais je veux croire à mes chances avec la selle à bonne hauteur.

Le trajet n'aide pas. À part la traversée de l'estuaire en bac, je n'ai eu pour tout potage que des routes à grande, voire très grande circulation, de quoi maudire ma vie - qui ne tenait qu'à un fil - jusqu'à la quarantieme génération.

L'hôtel IBIS de Rochefort récupère une épave juste bonne à mettre au lit avec ses rêves en vrac. Bon, me dis-je in petto, inutile de se mettre la rate au court-bouillon, la médaille de l'US Métro s'est envolée, mais rien n'est perdu, je peux encore faire le tour de France en un peu plus de 60 jours, puisque personne sinon le dentiste ne m'attend le 1er septembre.

Pour répondre à la question de Sarah, j'ai fait 270 km en 3 jours. C'était présomptueux.

dimanche 2 juillet 2017

Anges gardiens

2 juillet - Mios - Vendays Montalivet

Premier jour de soleil. Je pars le cœur en fête et le bagage mince, et roule au milieu des belles villas arcachonnaises. Sur une piste, j'entends  sous mes pieds un craquement de plastique  : c'est le cale-pied qui s'est fait la malle sur le talus. Ma bonne étoile s'arrête, en la personne d'un coureur du méme
Tour de France ! Incroyable... Nous ne nous serions sûrement pas rencontrés sans ce cale-pied. Il fait 200 km par jour en terrain plat et 130 en montagne,  et en plus, il prend le temps de dépanner les sirènes échouées ! Et il traîne une remorque !

Il me passe quelques  tuyaux, genre les cols les plus difficiles : La Bonnette dans les Alpes et  le Lautaret dans les Pyrénées. Il avoue même avoir terminé la Bonnette à pied.

À l'hôtel, à peine attablée devant mon incontournable Leffe, je suis rejointe  par Jean, un Québécois à l'humour ravageur et aux connaissances inépuisables. Il est stupéfait par mon équipement et par ma moyenne journalière. Mais il m'aide à baisser ma selle pour éviter les douleurs dans les jambes et les genoux. Si ce n'était la fatigue du pédalage,  nous serions encore en train de discuter,  je pense...

Mon troisième ange, c'est le patron de l'hôtel, qui passe une demi-heure à chercher la bonne vis et le bon boulon dans sa boîte à outils pour fixer le cale-pied qui a encore sauté. Je vous le dis, il y a du bon dans l'humanité !

samedi 1 juillet 2017

En avant, en avant !*

* C'est la proposition de mon amie Anne pour le jeu et je trouve que ce titre de tableau de Chagall est particulièrement adapté à cette journée.

Car oui, croyez-le ou non, j'ai fait 100 km aujourd'hui ! Mon meilleur score de toute la vie (précédent record : 91 km) ! Des routes toutes droites pleine de voitures rapides et de gros nuages noirs entrecoupés de pluie, il n'y avait plus qu'à pédaler pour oublier...

J'ai donc passé le temps en récapitulant les avantages de ma nouvelle vie de SDF : plus de cartons à trimballer, plus de taxe foncière ni d'habitation, de factures de gaz, d'eau, d'électricité, de bois, de travaux,  plus de ménage, de courses, de cuisine, de vaisselle, la belle vie de liberté, quoi !

Heureusement, la journée avait bien débuté à la boulangerie de Léon, avec une bonne vingtaine d'amis rigolards/émus pour fêter mon départ. Les vannes fusaient sur le contenu de mes gourdes pour masquer l'émotion. Tandis que les caméras et autres tablettes chauffaient pour immortaliser l'instant. Merci à tous, vous m'avez donné envie de me défoncer !

Et la journée se termine sur un gîte aux petits soins et un restau italien à tomber à la renverse. J'espère que vous étes tous morts de jalousie.

Maintenant, je vais me jeter dans les bras du dieu du sommeil ! Rrrrrrrr...